En Côte d’Ivoire, les autorités du district autonome d’Abidjan ont annoncé, samedi 6 janvier, aux habitants du quartier précaire de Boribana qui occupent illégalement le domaine public, selon le gouvernement, qu’ils seraient « déguerpis », le lundi 8 janvier et chassés de ce vaste terrain qui se trouve aux abords du Quatrième pont d'Abidjan.
Samedi, les quelque 28 000 habitants de Boribana ont réuni la presse pour annoncer qu’ils refusaient la destruction, sans compensation, d’un quartier précaire qui existe depuis plus de 60 ans. Ils soupçonnent les autorités de vouloir « nettoyer » la ville avant le lancement de la CAN, qui doit débuter dans six jours.
Dans le sous-quartier de Boribana, les petites maisons aux toits de tôle sont désormais coincées entre la lagune Ebrié et l’imposant Quatrième pont qui doit ouvrir à la circulation dans les prochains jours. Parmi les 28 000 habitants, beaucoup y sont nés, y ont grandi et ont passé leur scolarité. L’annonce des services du ministre-gouverneur Cissé Bacongo de détruire le quartier dans les prochaines 72 heures, a créé un vif émoi.
« Personne ne décide de naître pauvre »
« Humainement parlant, ce n’est pas possible. Même un animal, quand on veut le déplacer, entretenir son enclos, il faut trouver un point de chute d'abord. Nous sommes des humains, nous avons des droits, nous sommes des Ivoiriens, nous sommes nés ici, personne ne décide de naître pauvre. On n'a pas d'endroit où aller, on va aller où ? C’est la question qui est là. Nous allons rester ici. S’ils veulent nous enterrer ici, ils nous enterreront ici. Ce qui est sûr, c’est que nous, nous allons rester ici », s’indigne Ignécin Adama, père de famille de 51 ans.