Un séminaire de réflexion sur la gouvernance électorale en Côte d’Ivoire a été organisé ce jeudi 24 février, par la Fondation Friedrich Naumann à son siège à Cocody (Abidjan).
En collaboration avec le Groupe de plaidoyer et d’actions pour la transparence électorale (GPATE), cette rencontre a érigé un panel de quatre acteurs politiques autour du thème : « Leçons apprises du scrutin législatif du 06 mars 2021, quel espoir pour une élection définitivement apaisée en Côte d’Ivoire ? »
Intervenant pour le compte de la société civile, le politologue, Dr Geofroy Kouao, a décrié le fait que « la violence électorale soit devenue la valeur ajoutée » du processus électoral en Côte d’Ivoire. Dans son argumentaire, il indexe l’élection présidentielle et invite la société civile à anticiper face à 2025. « Est-ce qu’en 2025, nous aurons des élections présidentielles apaisées ? » Interroge-t-il. Selon l’essayiste Geofroy Kouao, en Côte d’Ivoire la fonction de chef du pouvoir exécutif fait du Président de la République un dictateur de salut public, qui en même temps, est président d’un parti politique d’où un compétiteur politique.
« Vous ne réussissez en Côte d’Ivoire que lorsque vous êtes Président de la République. C’est le fantasme de la présidence à vie qui fait que personne ne veut quitter le pouvoir », fait-il observer.
Au nom de l’opposition, Michel Gbagbo, Député du parti Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) de Yopougon, a réclamé on ne peut plus d’autonomie à la CEI dans ses prises de décision et déploré une structuration à 82% au niveau central et 96% au niveau local, liée au Président de la République. « On se souvient qu’il y a eu un débat à ce sujet qui a conduit la Cours africaine des droits de l’homme et des peuples (CADP) à se prononcer là-dessus », a-t-il rappelé.
Faisant le point des législatives passées, le député EDS n’a par apprécié pas que son parti n’ait pu intégrer la CEI centrale, s’appuyant de ce fait sur les représentants du PDCI pour se faire entendre. Il a révélé avoir été confronté à « l’existence de bureaux de votes fictifs, la déclaration des résultats de vote par des personnes non autorisées et des agressions des représentants de son parti politique dans les bureaux de votes ».
L’opposant Michel Gbagbo a également interpellé l’opinion sur le besoin d’épurer la liste électorale de manière consensuelle. Et le découpage électoral qui, selon lui devrait essentiellement tenir compte du critère prédominant de la population.
En outre, le regard de la majorité présidentielle a été porté par Doumbia Brahima, chargé des élections au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Dans une approche non partisane, il n’a pas hésité à remettre toute la classe politique en cause. Selon lui, l’expérience des législatives du 06 mars 2021 montre qu’il faut maintenir le dialogue entre acteurs politiques, mettre fin à l’impunité des hommes politiques et respecter les institutions de la République. « Nous, politiques, nous avons une grande responsabilité dans les violences électorales. Et nous devons le reconnaitre », a reconnu le représentant du parti au pouvoir.
Au nom de la Commission électorale indépendante (CEI), son vice-président, Koné Sourou, a indiqué que la solution qui peut garantir des élections apaisées lors des prochaines joutes, c’est un dialogue inclusif et constructif de tous les partis politiques et la société civile.
Il a annoncé que, dans le cadre de la révision de la liste électorale, une rencontre de la CEI avec les partis politiques est prévue très prochainement.
« Nous demandons aux partis politiques de s’impliquer davantage dans le processus électoral, en éduquant et sensibilisant leurs militants à avoir un comportement responsable et citoyen », a déclaré Koné Sourou.
Il a salué cette initiative de la Fondation Friedrich Naumann et du GPATE, s’engageant de facto dans le plaidoyer pour maintenir la tendance d’élections apaisées en Côte d’Ivoire.
Rk