Du 9 au 13 juillet 2025, s’est tenue à Paris, la 50ème Session de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF). Accueillie conjointement par l’Assemblée nationale et le Sénat, cette Session a réuni des parlementaires (députés et sénateurs) de l’ensemble de l’espace francophone et leurs accompagnateurs, soit au total 500 participants, dont 27 présidents de Parlement ayant conduit des délégations.
Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Adama Bictogo, a conduit la délégation ivoirienne des députés, quand Kandia Camara conduisait celle des sénateurs ivoiriens. Les travaux de cette 50ème Session ont porté sur des enjeux stratégiques de l’espace francophone, entre autres, la situation de la démocratie dans plusieurs pays membres, la participation des jeunes et des femmes à la vie politique, etc. En marge de cette Session, des membres du Bureau de l’APF ont été reçus par le président de la République française, avec une belle présentation sur Adama Bictogo et une chaude poignée de mains assortie de larges sourires après un bref échange.
Cela se passe au moment même où le président Ouattara est présent en France dans le cadre d’un séjour privé de deux semaines. Le président ivoirien, qui est en réflexion sur sa candidature pour un quatrième mandat ou non, est-il au courant de cette rencontre entre le PAN Adama Bictogo et le président Français Emmanuel Macron ? Rien ne permet de répondre par la négative.
Un forcing ou un plan B voulu ?
Dans le milieu de la haute politique et surtout en ces moments de "réflexion intense", ce genre de rencontre ne saurait se passer sans que le président de la République (qui plus est le président de leur parti et qui avait dit qu’il voulait passer la main à la jeune génération) ne soit informé et qu’il n’ait donné sa caution, sinon son accord.
Alors, Macron connaissait-il déjà Bictogo avant cette visite du Bureau de l’APF ? C’est toujours en France que la semaine dernière, la chaîne France 24 a offert son plateau à Bictogo, pour une interview. Sa réponse sur la possibilité de succession au président Ouattara n’a laissé personne indifférent.
En effet, sur la question, il avait dit : « Si jamais le président venait à ne pas être candidat, j'appartiens au RHDP et depuis près de 32 ans, j'ai toujours été un homme de mission. Le président m'a toujours confié des missions et je les ai toujours accomplies. L'une de ces missions, c'est bien la Mairie de Yopougon, quartier que je n'ai jamais habité, mais le président m'a envoyé en mission et j'ai gagné. Il m'a envoyé en mission à l'Assemblée nationale, j'ai été élu à 99%. Donc à chaque fois que de besoin, je réponds à ses appels. Si le président considère que pour telle pour telle mission, je suis l'homme de la mission, parce que la compétence ne vaut que par l'enjeu et le contexte. Si le contexte et l'enjeu fondent que le choix du président doit être ma personne, je répondrai à son appel. Donc, je suis un homme de missions aux côtés du président Alassane Ouattara. » Et voilà que trois jours après cette interview, le PAN ivoirien, qui se dit prêt à une mission, au cas où, est reçu (au milieu de tant d’autres) avec chaleur par Emmanuel Macron, dont l’avis n’est pas à ignorer dans la politique ivoirienne. Doit-on parler de forcing du PAN ou d’un plan B voulu qui se met en immersion auprès de Macron ?
Quid des autres dont Téné Birahima et Koné Meyliet ?
Au-delà de cette rencontre qui ne passe pas inaperçue, Adama Bictogo, apprend-on, a été invité par le président de la République Française pour prendre part, aujourd’hui lundi 14 juillet 2025, à la célébration de la fête nationale de la France. Habituellement, c’est le président Ouattara qui y va ou son vice-président. Si le président Ouattara, bien que présent en France, ne peut y prendre part, il pourrait être représenté par son vice-président Koné Tiémoko Meyliet, lui aussi donné (par certaines langues comme potentiel candidat). Mais le choix a porté sur Adama Bictogo. Alors, on pourrait se demander : qu’en est-il des autres comme Téné Birahima (Photocopie pour sa ressemblance avec le président Ouattara), Koné Meyliet, Patrick Achi, et même Mabri à qui d’aucuns prêtent des ambitions au cas où le président Ouattara n’y irait plus ?
En une semaine, mettant à profit sa participation à l’APF, Bictogo aura réussi trois bons coups : passage sur le plateau de France 24, réception par Macron et invitation au défilé du très symbolique 14 juillet. Ce qui lui donnerait une longueur d’onde sur les autres. Notamment sur le vice-président Koné Meyliet que certains voyaient comme le mieux placé, vu son poste déjà et le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, que d’autres voyaient comme celui qui incarnerait mieux son aîné Alassane Ouattara. Ce qui fait dire à certains observateurs de l’intérieur du RHDP que Bictogo est en train de court-circuiter Photocopie choix et Koné Meyliet. Dans tous les cas, on attend la fin de la réflexion du président Ouattara.
O. CHÉRIF