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Sport Publié le 22 décembre 2023 | AIP

La formation à l’animation 3D, une opportunité pour les jeunes en Côte d’Ivoire (Feature)

© AIP
La formation à l’animation 3D, une opportunité pour les jeunes en Côte d’Ivoire (Feature)

Abidjan - Une décennie après la sortie du premier long métrage d'animation 3D en Côte d'Ivoire, les producteurs de films d'animation 3D s'efforcent de tirer parti des atouts d'une industrie dont le potentiel demeure largement inexploité.


En raison du manque de financement et, dans la plupart des cas, de formations formelles, les producteurs de films d'animation 3D demeurent déterminés à promouvoir leurs créations. C'est dans cette optique que la société "Studio Kä" de la réalisatrice Adja Soro a initié un atelier inédit en Afrique visant à former dix techniciennes et techniciens en "animation en temps réel", dont au moins deux ont été recrutés à l'issue de ces quatre semaines.


Ce projet, réalisé en collaboration avec Orange Digital Center met en œuvre chaque année un programme de formation.


Selon Mlle Soro, également vice-présidente de l'Association ivoirienne des films d'animation (AIFA), les formations de pointe en animation présentent un retour sur investissement immédiat, étant stratégiques pour l'industrie cinématographique en Afrique et pour sa féminisation.


Abidjan accueille pour la première fois un "BootCamp"


en Afrique francophone Le "BootCamp", une formation destinée à dix passionnés de modélisation 3D et d'animation, s'est déroulé du 17 juillet au 11 août 2023, à l'OCD d'Abidjan-Plateau. Cette session, réalisée sur l'outil de modélisation sophistiqué "Unreal Engine", intitulée "BootCamp Epic Games", a marqué une première en Afrique francophone, suscitant la fierté de la Côte d'Ivoire.


Pour le responsable technique du développement digital et de l'innovation chez Orange, Touré Vassindou former des jeunes à l'animation est impératif compte tenu du potentiel du marché.


Adja Soro explique lors d'un entretien avec l'AIP que "l'animation en temps réel est devenue une réalité grâce aux avancées technologiques et à l'évolution des outils d'animation dans Unreal Engine". Cette approche, en plus d'offrir une plus grande interactivité et un retour d'information instantané, se traduit par une production plus efficace et collaborative.


« De grandes entreprises de l'industrie du divertissement, ont adopté l'animation en temps réel dans leur chaîne de production et ont réalisé des œuvres d'art impressionnantes grâce à une efficacité et une collaboration accrue entre les différents départements », a ajouté la passionnée de l’animation 3D.


Au programme de cette formation, une combinaison d'instructions pratiques en direct, d'exercices pratiques liés au projet final, un parcours accéléré d'intégration dans le flux de travail d'Unreal Engine, ainsi que des cours en ligne et des conférences dispensés par des professionnels invités.


En outre, une journée dédiée au projet final était prévue chaque vendredi. À l'issue de cette formation, deux des participants ont été embauchés par le Studio Kä, selon les déclarations de la réalisatrice Adja Soro.


L'enjeu de la formation à l'animation en Afrique francophone


L'industrie des films d'animation 3D demeure embryonnaire en Afrique francophone, notamment en Côte d'Ivoire. Un exemple illustrant cette situation est l'adaptation en 2012 de la série graphique du roman "Aya de Yopougon" par la société de production française Autochenille Prod., faute d'infrastructures locales adéquates.


La réalisatrice Adja Soro souligne que l'enjeu de la formation à l'animation en Afrique francophone revêt une importance majeure à plusieurs égards. D'abord, car il s'agit du segment le plus technique et coûteux du marché cinématographique, tout en étant potentiellement rentable notamment auprès d'un public jeune en constante évolution et créateur d'emplois.


De plus, le secteur souffre d'une pénurie mondiale de main-d'œuvre qualifiée, fonctionnant selon le principe de la division internationale du travail. Sur un même projet des équipes de trois voire quatre continents peuvent collaborer.

Enfin, et surtout peut-être, car c'est l'animation qui forme le goût des jeunes spectateurs et mieux vaut qu'ils découvrent une Afrique décrite depuis Lomé ou Yaoundé ou Antananarivo qu'imaginée depuis la Californie, selon la vice-présidente de l’Association ivoirienne des films d’animation (AIFA).


Une opportunité pour les jeunes et les femmes


Les métiers de l'animation notamment ceux du Geeks, accessibles à ceux qui maîtrisent l'informatique, offrent un terrain propice à l'emploi et à l'épanouissement des jeunes. Cependant, l'inconvénient réside dans le fait que ces équipes sont parfois composées à 90 % d'hommes, d'où l'importance de viser la parité dans les formations complexes pour féminiser ce secteur.


À la fin de la formation, certains participants ont été distingués lors de la compétition internationale Sony Talent League, et ont ainsi eu l'opportunité de se rendre au Japon pour recevoir leur trophée et renforcer leurs compétences en animation 3D. D'autres ont été encouragés à se tourner vers le secteur du jeu vidéo et d'autres domaines tels que l'architecture.


Parmi les candidats sélectionnés pour le "BootCamp", plusieurs jeunes filles ont été incluses, dont Rose Seka Tiboué, une artiste numérique autodidacte, âgée de 27 ans, titulaire d'un BTS en Finance Comptabilité et Gestion d'entreprise.


« J’ai commencé la 3D avec l'architecture d'intérieur, en travaillant avec des architectes puisque je n'ai pas fait de formation. J’ai appris tout seule sur Internet. Et après, au fur et à mesure, je me suis intéressée à l'animation, aux films d'animation, aux jeux vidéo », a raconté Rose Seka Tiboué, rêvant d’ailleurs de réaliser désormais des films d'animation et des jeux vidéo.

Le responsable technique du développement digital et de l'innovation, Touré Vassindou a félicité l'ensemble des participants à la formation en animation 3D, tout en exprimant l'espoir d'une progression de l'industrie créative en Côte d'Ivoire.


L'OIF porte un regard attentif sur les initiatives de formation en cours sur le continent africain


En Côte d'Ivoire, l'Association AIFA regroupe 17 studios d'animation ayant déjà organisé des formations avec l'école des Gobelins, s'apprête à lancer deux nouvelles initiatives, Boost’Anim et Babiform (avec le soutien de l'Institut français et du centre sud-coréen CSCTICAO).


À Madagascar, l'initiative Anim’Ato, menée par les rencontres du films courts et cofinancée par Clap ACP et l'OIF, a formé six femmes et cinq hommes à l'animation en volume et 3D, et le studio Art Pi Prod s'apprête à ouvrir une académie.


Au Togo où l'association ATFA projette de former 10 formateurs et 100 animateurs en 5 ans, avec le soutien de l'Ecole Cartoucherie Animation Solidarité (ECAS) de Bourg-lès-Valence.  


Au Cameroun, l'Association Cinéma Uni (ACU) lancera prochainement un programme similaire baptisé ACU-poncture, visant à fournir des techniciens qualifiés aux producteurs locaux repérés cette année par les plus grands festivals.


La première édition d'un concours de films d'animation lancée à Abidjan


L'Association ivoirienne des films d'animation (AIFA) a annoncé, le lundi 18 décembre 2023 à Abidjan Cocody, le lancement de la première édition de Boost’Anim, une compétition réunissant les studios d'animation ivoiriens, à partir du mercredi 20 décembre 2023.


Les trois meilleures productions, présentées sous forme de court-métrage, participeront au festival d'Annecy en France en juin 2024, comme l'a précisé Simon Kouassi Adaé, président de l'AIFA, lors d'une conférence de presse conjointe avec sa vice-présidente, Adja Soro.


L'objectif principal du projet Boost’Anim est d'améliorer la qualité de la production animée ivoirienne, de la rendre accessible aux marchés internationaux par le biais de la formation des professionnels de l'animation, de la promotion des contenus à l'échelle locale et internationale, et du développement de collaborations internationales via la co-production et la diffusion, a expliqué M. Adaé. Les trois lauréats recevront également une aide à la production de 10 millions de francs CFA chacun.


Simon Adaé et Adja Soro ont également encouragé les studios d'animation à produire des films de haute qualité afin d'être compétitifs sur le marché international. Ils ont souligné que la Côte d'Ivoire compte un grand nombre de studios d'animation et de films d'animation en long métrage, en séries et autres contenus dans la sous-région ouest-africaine, et ont appelé à un effort supplémentaire pour renforcer la présence locale sur la scène internationale.


Ils ont exprimé leur gratitude envers le ministère de la Culture et de la Francophonie ainsi que l'ambassade de France en Côte d'Ivoire pour leur soutien.


Pour l'AIFA, le film d'animation, communément appelé "dessins animés", dépasse aujourd'hui sa simple fonction de divertissement.

(AIP)


Tg/zaar

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