Le colloque international sur la sécurité en Afrique, organisé par le Fonds pour la science, la technologie et l’innovation (FONSTI) et l’université Péléforo Gon Coulibaly (UPGC), a débuté, le 28 novembre 2023, à Korhogo, par une conférence inaugurale qui a mis en lumière les causes, les conséquences et les enjeux des crises sécuritaires sur le continent. Les deux conférenciers ont plaidé pour une approche globale, holistique et endogène de la sécurité, qui implique les Etats, les citoyens et les partenaires.
Le Prof Simplice Yodé Dion, enseignant-chercheur à l’université Félix Houphouët-Boigny, et le Prof Mathurin Houngnikpo, politologue et président académique des relations civilo-militaires au Centre africain d’études stratégiques ont abordé la question sous plusieurs angles. Le premier a indiqué qu’être en sécurité, ce n’est pas seulement avoir la police autour de soi. C’est être en sécurité physique, morale, éducative, mentale, psychologique, alimentaire, énergétique, etc. Il en déduit que le concept de sécurité est transversal, holistique et global. “Il faut réfléchir sur les conditions de la sécurité de l’homme africain et du citoyen africain. On va retomber forcément sur la question de la bonne gouvernance. Quand les Etats sont bien gérés, gouvernés, c’est-à-dire créer les conditions de la sécurité pour que l’homme soit heureux d’être dans l’Etat où il est, les menaces internes sont amoindries et on s’occupe ensuite de la menace externe qui est une menace militaire. Il faut donc que l’Etat s’organise militairement pour faire face à cette menace externe”, a soutenu le Prof Simplice Yodé Dion.
Il a affirmé que si les décideurs veulent apporter des solutions durables à la problématique de la sécurité qui se pose avec acuité en Afrique, ils doivent tenir compte des propositions des intellectuels, fruits de leurs réflexions. Il a souligné la nécessité pour les Etats africains d’assurer pleinement leur souveraineté et leur propre sécurité qui ne peuvent continuer de dépendre de tierces personnes auxquelles ils se lient. « Celui qui est protégé par les armes d’un autre n’est pas en sécurité. Les Etats les plus armés dictent leurs lois aux Etats qui sont peu ou pas dut armés. L’Etat africain a besoin de construire sa puissance dans laquelle réside sa capacité à défendre ses intérêts. Respect et dignité se conquièrent », a déclaré l’enseignant-chercheur. Il souligne que l’Afrique doit changer de paradigme pour s’organiser au niveau régional et continental en matière de sécurité.
Pour sa part, le prof Mathurin Houngnikpo a noté que toutes les crises ne sont pas négatives ; elles peuvent parfois aider à évoluer, à prendre les bonnes décisions. Mais il faut pour cela qu’elles soient ponctuelles. Or en Afrique, les crises sont permanentes. Il déplore le fait que les Africains continuent aujourd’hui encore de compter sur des partenaires qui viennent plutôt créer des menaces. « Nous devons poser les bonnes questions. En 2023, où en sommes-nous 63 ans après les indépendances ? Il y a beaucoup à faire mais il n’est pas tard pour relever le défi », a souligné le politologue qui appelle à mettre fin à la politique de la mendicité.
Si l’Etat a ses tares, le politologue pense que le problème est tout aussi profond au niveau du citoyen africain qui doit nécessairement changer de mentalité, pour mettre l’intérêt au-dessus des intérêts personnels. « Il faut une prise de conscience collectes pour combattre les tares dont souffrent l’Afrique ; les malversations, le laxisme, etc. », a-t-il interpellé.
Ek à Korhogo