Abidjan- Des spécialistes de la lutte contre la tuberculose recommandent la prise en charge concomitante de la tuberculose et de la Covid-19, expliquant que le délaissement de cette maladie au détriment de la Covid 19, entraine une recrudescence des cas de décès chez les patients en Afrique.
En effet, lors d’un webinaire sur le thème « la prévention et la prise en charge de tuberculose en période de la Covid-19 en Afrique : cas de la RDC », tenu lundi 21 mars 2022 en République démocratique du Congo (RDC), ils ont affirmé que la tuberculose sévit en mode endémique en Afrique, qui regorge de 25% de cas dans le monde.
« La RDC supporte plus de 80% de la charge mondiale de la tuberculose et occupe le deuxième rang en Afrique et le 9ème dans le monde. La province de Kinshasa en est l’épicentre avec 14% des malades qui représentent 30.000 cas en 2021 et 4.000 décès. Il y a eu 86.584 cas de Covid-19 dont 133 décès soit une létalité de 1,5% au 18 mars 2022 », a expliqué la coordonnatrice provinciale Lèpre et Tuberculose de Kinshasa, Dr Nicole Anshanbi Muzutie. Pour elle, Kinshasa est une zone très sensible, car non seulement la pauvreté est grandissante, mais on y dénombre au moins 15 millions d’habitants.
Aussi, les enfants ne sont pas épargnés par cette recrudescence des cas de décès. « Entre Février 2019 et juin 2021, nous avons dénombré 3.270 cas de tuberculose pédiatrique dont 30 décès », a affirmé le point focal Tuberculose de la Fondation EGPAF en RDC, Dr Papy Ndjibu Tshishikani.
Selon eux, cette hausse du taux de mortalité des malades de la tuberculose en Afrique et en particulier en RDC est dû au focus qui a été mis sur la Covid-19, mais surtout le confinement qui a entrainé le sous-dépistage et la notification insuffisante des cas et la régression de ces cas en laboratoire. Ainsi, les agents communautaires qui ont pour rôle de sensibiliser et communiquer avec les communautés et référer les cas suspects dans les centres de santé avaient arrêté leur travail, sans oublier que même le transport des échantillons a été biaisé.
Pour maintenir la prise en charge de la Covid-19 en période de covid-19, ils recommandent de doter les agents communautaires en équipement s de lavages de mains, masques, gants, gels hydroalcooliques, de les former à la prise en charge de la tuberculose à domicile, les former aux cas de « perdus de vue », les doter d’unités de communication, organiser des supervisions de validation de données, sensibiliser dans les communautés avec des mégaphones…
Aussi, les financements doivent se poursuivre aussi bien pour la Covid-19, mais surtout pour les anciennes maladies endémiques que sont la tuberculose, le paludisme et le VIH/sida.
La tuberculose est une maladie infectieuse provoquée par le Bacille de Koch (BK) qui se transmet d’une personne atteinte à une autre par de minuscules particules dans l’air lorsque cette personne tousse, éternue ou rie. Si cette maladie et la Covid-19 ont des ressemblances par leur voie de transmission, des symptômes (toux, fièvre et difficulté à respirer) et leur lieu de localisation (les poumons), la Covid présente en plus les sueurs nocturnes, maux de gorges, perte de l’odorat, perte de poids, diarrhées, essoufflements, malaises…
Ce webinaire a été organisé par le Réseau africain des professionnels des médias, des arts et des sports engagés dans la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN), en prélude à la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose célébrée chaque 24 mars qui a pour thème « Investissons pour en finir avec la tuberculose, sauvons des vies », qui veut souligner l’urgence d’investir pour concrétiser les engagements pris par les dirigeants de la planète pour mettre fin à cette pandémie.
tls/ask