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Sport Publié le 18 mars 2022 | Reuters

Les transformateurs locaux de cajou contraints de cesser d’opérer face à la concurrence asiatique malgré un plan de soutien jugé « inopérable »

© Reuters
Les transformateurs locaux de cajou contraints de cesser d’opérer face à la concurrence asiatique malgré un plan de soutien jugé « inopérable »

ABIDJAN – Face à la montée des prix des noix brutes de cajou imposée par les intermédiaires et à la demande asiatique, les douze transformateurs cajou nationaux encore en activité et censés être soutenus par un plan gouvernemental, ont tous été contraints en ce début de campagne 2022, d’arrêter leurs activités d’achat et de transformation de noix brutes de cajou, jugeant le plan de soutien du gouvernement inopérable, peut-on lire dans une lettre du GTCI (Groupement des transformateurs de Cajou Ivoiriens), dont Reuters a eu copie et qui est adressée, Mardi au Conseil Coton Anacarde (CCA), qui régule la filière, avec ampliation à la Primature, au Secrétariat Général de la Présidence et à tous les ministères concernés. 

 

Cette situation fait suite aux discussions avec le gouvernement depuis l’année passée, dans le but d’aider les douze usines de nationaux n’ayant pas encore fait faillite, d’une capacité de transformation de 40 à 50 000 tonnes, mais qui peinent à opérer malgré un plan de soutien qui ne permet toujours pas aux transformateurs ivoiriens de faire face à la forte concurrence asiatique. 

 

En effet, au cours des 6 derniers mois, 2 entreprises ont fait faillite, portant à 8 le nombre total d’entreprises de transformation de noix de cajou ayant fait faillite ces deux dernières années, faute de financement et d’accès aux noix brutes.

 

Dans les discussions relatives au plan de soutien, les transformateurs locaux avaient demandé d’une part à avoir un prix d’achat de noix brutes de 359 FCFA par kg livré usine (équivalent au prix minimum bord champ garanti de 305 FCFA par kg) pour disposer du volume nécessaire pour la transformation et ne pas se retrouver en concurrence directe face aux sociétés asiatiques dont la puissance financière et la productivité leurs permet d’acheter les noix brutes au-dessus du prix garanti. D’autre part les transformateurs nationaux avaient aussi demandé un accès plus facile aux financements bancaires grâce à une garantie du CCA.

 

Selon le GTCI, le plan de soutien actuel ne permet pas d’atteindre ces deux objectifs alors que la nouvelle saison de cajou a débuté depuis un mois.

 

« Faisant suite à toutes les réunions avec la Primature et le CCA et aux lettres de notifications reçues de la BNI (banque nationale d’investissement, banque d’Etat), dans le cadre du projet de soutien aux transformateurs locaux, nous venons par la présente vous faire part du fait que le plan dans l’état actuel n’est pas opérable. » a écrit Constance KOUAME, secrétaire générale du GTCI.

 

« La campagne a commencé depuis un mois et nos usines resteront vides encore une fois en raison de l’absence de plan de soutien. » a-t-elle encore ajouté.

 

Selon le Directeur Général d’une des entreprises membres du GTCI, un accord avait été trouvé afin que 40 000 tonnes de noix brutes de cajou soient vendues au prix de 359 FCFA par kg livré usine (équivalent au prix minimum bord champ garanti de 305 FCFA par kg) aux transformateurs ivoiriens, par le groupement d’intérêt économique (GIE) qui est financé et subventionné par le CCA.

 

Ce groupement d’intérêt économique est constitué de sociétés d’acheteurs indépendants ivoiriens qui achètent et exportent un volume de 240 000 tonnes de noix brutes de cajou grâce à une subvention et au financement du CCA. Cependant, ce groupement préfère vendre la totalité de son volume aux sociétés asiatiques qui payent plus cher.

 

Actuellement, le prix des noix brutes de cajou se négocient à 420/430 FCFA le kilogramme à l’entrée des usines soit une hausse de plus de 60 FCFA par kilogramme, ce qui ne permet pas aux transformateurs nationaux de transformer sans faire de pertes.

 

« Il est clair qu’un tel niveau de prix des noix brutes compromet dangereusement l’équilibre financier de nos unités de transformation, vue le faible niveau du prix de vente de l’amande de cajou (produit fini) sur le marché international et cela réduit à néant, les efforts de subvention du gouvernement » a dit un autre directeur de société.

 

Concernant le financement des transformateurs, le GTCI se plaint de la modification du plan initialement envisagé qui prévoyait la mise en place d’un découvert et d’une ligne d’ASPG de la BNI aux transformateurs pour acheter directement les noix brutes. Selon le GTCI le mode de financement prévu dans le plan de soutien actuel ne permet pas d’acquérir les noix brutes.

 

La direction du CCA s’est refusée à commenter la lettre du GTCI mais une source au sein du régulateur a déclaré à Reuters que le CCA mènera des réflexions approfondies en interne sur la question pour trouver une solution de sortie de crise.

 

Le CCA est conseillé par la fondation Tony BLAIR qui travaille avec le gouvernement ivoirien pour développer l’industrialisation du secteur cajou en Côte d’Ivoire depuis plus de 5 ans maintenant.

 

Tony BLAIR a été reçu en Février par le Premier Ministre ivoirien sur ce sujet.

 

La Côte d’Ivoire ambitionne de transformer 500 000 tonnes de noix brutes de cajou d’ici 2026, dont 250 000 tonnes par des industriels locaux ivoiriens.

 

Actuellement, ce sont environ 200 000 tonnes de noix brutes de cajou qui sont transformées.

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