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Sport Publié le 16 février 2022 | APA

La Côte d'Ivoire a perdu 19 421 ha de forêts de 2019 à janvier 2022 (rapport)

© APA
La Côte d'Ivoire a perdu 19 421 ha de forêts de 2019 à janvier 2022 (rapport)

La Côte d'Ivoire a perdu 19 421 hectares (ha) de forêts de 2019 à janvier 2022, selon un rapport de l'ONG américaine Mighty Earth paru mi-février 2022, qui note que le secteur du chocolat n'a pas tenu sa promesse à mettre fin à la déforestation.


Dans ce rapport, présenté mercredi à la presse ivoirienne, Mighty Earth indique que "le secteur du chocolat n'a pas tenu sa promesse à mettre fin à la déforestation dans ses chaînes d'approvisionnement en cacao en Côte d'Ivoire et au Ghana".


Dr Julian Oram, directeur Afrique de Mighty Earth, a soutenu que les principaux fabricants de chocolat "n'ont pas respecté leurs engagements", au regard des croisements des données issues des observations par satellite, des visites de terrains et la collaboration étroite avec les coopératives, les producteurs et les ONG.


"Le constat principal est que l'industrie du cacao, de façon générale ne tient pas ses promesses dans la lutte contre la déforestation et la préservation de l'environnement", a dit Dr Julian Oram à des journalistes ivoiriens, depuis les États-Unis, via visioconférence au siège de l'ONG Regroupement des acteurs des droits humains (RAIDH), à Abidjan.


Le rapport révèle que le cacao contribue encore à la destruction d’aires protégées et de l’habitat des chimpanzés et des éléphants, malgré les promesses faites plus de quatre ans après le lancement de l’Initiative Cacao et Forêts (ICF).


Les principaux pays africains producteurs de cacao sont toujours confrontés à la destruction de vastes zones forestières au profit des plantations de cacao, indique cette nouvelle analyse de données réalisée par l'ONG Mighty Earth.


Le texte révèle que, même après la publication des plans de mise en œuvre par le secteur, la Côte d’Ivoire a perdu 19 421 hectares de forêt au sein des régions productrices de cacao, et le Ghana 39 497 hectares. En additionnant ces chiffres, on obtient une superficie équivalente à celle des villes de Madrid, Séoul ou Chicago.


"Ce rapport dévoile une dimension peu ragoûtante du secteur du cacao et montre qu’il est urgent de rompre le lien unissant les produits chocolatés à la déforestation", a déclaré Glenn Hurowitz, directeur général de Mighty Earth. 


Selon l'ONG, "les fabricants de chocolat tels que Nestlé, Hershey’s, Mondelēz et Mars doivent cesser de faire de vaines promesses et collaborer dès maintenant avec les gouvernements signataires de l’ICF pour mettre en place cette année un mécanisme conjoint ouvert et efficace de surveillance de la déforestation".


La Côte d’Ivoire et le Ghana, deux pays cumulant plus de 60% de la production mondiale de cacao, ont perdu 80 à 90 % de leur surface forestière au cours des dernières décennies, en grande partie pour céder la place aux exploitations de cacao.


Grâce à l’analyse de données satellitaires complétées par des enquêtes sur le terrain, Mighty Earth a pu démontrer que le défrichement des forêts tropicales pour la culture du cacao se poursuit. 


Il s’agit notamment de la déforestation dans des zones dites protégées qui constituent des habitats vitaux pour la faune sauvage menacée, notamment pour les chimpanzés et les hippopotames nains, souligne le rapport. 


Ces forêts sont également des puits de carbone indispensables pour freiner la crise climatique et la perte de biodiversité, fait observer l'organisation qui préconise, entre autres, comme conclusion principales une surveillance plus large des forêts par le gouvernement.


Pour Mighty Earth, quatre ans et demi après l’engagement pris dans le cadre de l’ICF par les fabricants de chocolat, le gouvernement doit "interdire la création de nouvelles exploitations de cacao", car on peut produire plus sur des petites surfaces. 


La Côte d’Ivoire a perdu 19 421 hectares (ha) de forêts, soit 2 % de ses forêts, depuis que le plan d’action de l’ICF a été publié en janvier 2019, tandis que le Ghana a perdu une surface conséquente de 39 497 ha de forêts, avec un taux de déforestation vertigineux de 3,9 %.


Pour la Côte d’Ivoire, la perte moyenne du couvert forestier a été 230 % plus élevée depuis janvier 2019 qu’elle ne l’a été entre 2001 et 2017, et 340 % plus élevée que la perte moyenne enregistrée au cours des années 2000.


La déforestation se poursuit dans l’ensemble des aires protégées de Côte d’Ivoire et du Ghana, et l’analyse des données satellitaires et les observations sur le terrain en Côte d’Ivoire menées par Mighty Earth révèlent que l’expansion de la culture du cacao joue un rôle majeur dans cet empiètement.


En termes de recommandations, l'ONG appelle en cette année 2022 à "un mécanisme commun ouvert et transparent de surveillance de la déforestation" qui doit être mis en place par les fabricants de chocolat.


En outre, les négociants en cacao et les gouvernements doivent mettre leurs informations sur les chaînes d’approvisionnement en cacao en commun et en les associant aux données d’imagerie satellitaires.


Un tel mécanisme permettrait d’agir collectivement pour empêcher l’empiètement des forêts par l’expansion des plantations de cacao, et de cibler les initiatives visant à améliorer les moyens de subsistance des petits exploitants au Ghana et en Côte d’Ivoire, mentionne le rapport.


Par ailleurs, l'ONG estime que les principaux chocolatiers et négociants en cacao devraient participer activement à la restauration des forêts dégradées et de la biodiversité, et s’engager à s’approvisionner d’ici 2025 en cacao issu de l’agroforesterie à hauteur d’au moins 50 %. 


Mighty Earth exhorte le gouvernement de la Côte d’Ivoire à valider rapidement les limites des aires protégées et stopper toute nouvelle déforestation en associant, de manière transparente, les communautés et les organisations de la société civile à leur suivi.


L'ONG américaine invite l’Union européenne, le Japon et les États-Unis à adopter une législation obligeant les entreprises à effectuer des contrôles de vigilance approfondis pour prévenir l’importation de cacao ou de produits dérivés du cacao liés à la déforestation sur leurs marchés respectifs.


 AP/ls/APA

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