ENJEUX. Alors que démarre la nouvelle campagne cacaoyère, le pays est confronté aux nouvelles exigences de l’UE qui va interdire les produits issus de la déforestation sur son marché.
Guerre en Ukraine, prix des engrais qui s'enflamme, inflation généralisée ou encore les nouvelles mesures de l'Union européenne contre la déforestation : c'est peu dire que la nouvelle campagne cacaoyère qui s'ouvre en Côte d'Ivoire est riche en défis. Le cacao est stratégique pour la locomotive économique de l'Afrique de l'Ouest : il représente 10 % à 15 % du PIB, près de 40 % des recettes d'exportation et fait vivre cinq à six millions de personnes, soit près de 20 % de la population, selon la Banque mondiale qui estime que le secteur du cacao doit se transformer pour assurer son avenir et mieux jouer « son rôle de moteur du développement économique ».
Haro sur les produits issus de la déforestation
Seulement, comment, d'un côté, assurer un prix décent pour les producteurs, quand, de l'autre côté, l'Union européenne se prépare à interdire l'exportation de produits importés issus de la déforestation, dont le cacao ? La Côte d'Ivoire et bien d'autres pays sont actuellement mis sous pression par une série de mesures prises par le Conseil de l'Union européenne et qui prévoit de n'autoriser l'entrée sur son marché que des produits dont la chaîne d'approvisionnement respecte des critères préétablis comme la lutte contre la déforestation, l'amélioration des revenus des producteurs et la lutte contre le travail des enfants dans les plantations. Le soja, la viande bovine, l'huile de palme, le bois, le café, ainsi que de certains produits dérivés sont également concernés par ces nouvelles lois. Pour résumer : si une entreprise ne peut pas prouver que le produit qu'elle veut importer en Europe n'est pas issu de la déforestation, alors elle ne pourra pas rentrer dans le marché européen. « Il existe une demande croissante des consommateurs européens pour un cacao issu du commerce équitable » qui serait garanti de surcroît « sans déforestation ou travail d'enfants ». Les entreprises sont prêtes à payer plus cher pour s'approvisionner en cacao « durable », justifie l'UE.