x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Sport Publié le 31 mars 2022 | Le Nouveau Réveil

El Hadj Moussa Dramé, Imam de la mosquée Fatoumata Zahara de Grand-Bassam : « Voici ce qu’il faut faire pour éviter de tomber dans le péché pendant le mois de Ramadan »

© Le Nouveau Réveil
El Hadj Moussa Dramé, Imam de la mosquée Fatoumata Zahara de Grand-Bassam : « Voici ce qu’il faut faire pour éviter de tomber dans le péché pendant le mois de Ramadan »

Imam de la mosquée Fatoumata Zahara de Grand-Bassam, El Hadj Moussa Dramé, désigné ambassadeur de la paix, il y a quelques années, parle du jeûne.


Excellence, dans quel état d’esprit, le musulman doit aborder le mois de jeûne ?


(Ndlr : il fait une prière d’ouverture). Dans un premier temps, il faut rendre gloire à Dieu qui nous a gardés pendant tout ce temps, environ 570 jours, depuis le Ramadan dernier. Les musulmans doivent d’abord savoir que le Ramadan est une prescription qui vient d’Allah. Le jeûne n’a été prescrit qu’aux croyants. Tout le monde n’est pas concerné. C’est seulement les musulmans et les croyants qui observent le jeûne. Quand vous prenez comme référence, le Coran dans sa sourate 2, chapitre 2, verset 183, Allah s’adresse directement aux croyants. Vous qui avez cru en Allah, le jeûne vous a été prescrit comme il a été prescrit aux générations qui vous ont précédées. Cela veut dire que les Juifs ont reçu le jeûne, les Chrétiens ont reçu le jeûne et tous ceux qui ont reçu des livres révélés venant d’Allah, ont reçu le jeûne. Donc, les croyants doivent s’apprêter pour accueillir le mois de Ramadan. Dans un premier temps, il faut consulter les médecins. Vous savez, c’est dans la santé qu’on peut observer le jeûne. Dieu lui-même nous a fait certaines faveurs à travers ce même chapitre en disant à ceux qui ont des problèmes de santé, ceux qui sont frappés par l’âge et les femmes qui se trouvent en état de menstrues s’abstiennent de jeûner. Donc, il faut d’abord consulter le médecin pour voir la faisabilité. Si vraiment vous êtes en bonne santé, vous pouvez observer les 30 jours ou les 29 jours du mois de Ramadan. Ensuite, il faut être prêt financièrement. Le jeûne sec est interdit en Islam. Trois jours et même plus sans manger, c’est interdit. Il faut manger le "Shawou" et rompre le jeûne. Ensuite, il faut être prêt spirituellement, parce que c’est un acte vraiment spirituel. Car le résultat final, c’est la crainte de Dieu que nous recherchons à travers le jeûne. Voilà un peu l’état d’esprit dans lequel, le musulman doit être pour aborder le mois de jeûne.


 


Quand le musulman n’a pas les moyens financiers que vous venez de souligner, comment doit-il s’y prendre?


C’est pourquoi, nous lançons : solidarité Ramadan. Les nécessiteux doivent recevoir de ceux qui ont la chance d’avoir cette grâce venant d’Allah. C’est ce que je voulais dire. D’une manière claire, ceux qui ont eu la chance d’avoir un peu de moyens, doivent venir en aide aux nécessiteux. C’est pourquoi, nous organisons la rupture de jeûne collective dans nos mosquées. Comme ici à la mosquée Fatoumata Zahara. Chaque soir, on reçoit des gens. Il y en a même qui ne sont pas des musulmans. Mais on mange avec tout le monde. Ça fait partie du carême, ça fait partie du social. Je ne pense pas qu’en Côte d’Ivoire, ce problème se pose, peut être ailleurs. Dire que je n’ai pas les moyens, donc je ne peux pas jeûner, non. Car les Ivoiriens sont vraiment généreux.


 


Par rapport aux jeunes, qu’avez à dire ? 


D’abord, il faut respecter les principes de l’Islam parce que le jeûne fait partie des piliers de l’Islam. Il y a d’abord l’attestation de foi. Attester qu’il n’y a de divinité qu’Allah et que Mohamed est le messager de Dieu, il y a la prière, il y a l’aumône légale qui est la zakat et puis, il y a le jeûne du mois de Ramadan. Ça fait donc partie des cinq piliers de l’Islam. C’est le quatrième pilier de l’Islam. Donc, il faut respecter les principes. Il faut éviter d’écouter la musique illicite, de tenir des propos pas propres, saines, il faut éviter d’avoir des pensées illicites. Il faut être toujours en harmonie avec Dieu. Il faut toujours lire le Coran. Quand vous prenez le même chapitre dont j’ai parlé tout à l’heure, Allah que c’est dans le mois de Ramadan que le Coran a été révélé. C’est pourquoi, nous organisons le "Tafsir", c’est-à-dire le commentaire du Coran. C’est juste après la prière de 13 heures jusqu’ à 16 heures chaque jour, pour permettre aux fidèles d’être en harmonie, en contact avec le Coran. Même celui qui travaille, il peut à certain moment lire le Coran, il peut écouter la radio Al Bayane, suivre la télévision Al Bayane. Il y a des invocations, c’est-à-dire qu’il faut toujours être en contact avec le chapelet, sinon lire le Coran traduit en anglais ou en français. En un mot, il faut être en harmonie avec le Tout- Puissant à travers ces actes que je viens de citer, pour éviter de tomber dans le péché pendant le mois de Ramadan.


 


C’est dire que les jeunes doivent s’éloigner des plages, des boîtes de nuit etc ?


Le messager de l’Islam nous dit que pendant le mois de Ramadan, Satan est menotté. C’est-à-dire que Satan est enchaîné. Donc, les portes du Paradis s’ouvrent et celles de l’enfer se ferment. Nous qui sommes à Bassam, nous constatons cela. Pendant le mois de Ramadan, les plages de Bassam jusqu’ à Assinie sont vides. Je ne sais si ce sont les musulmans qui fréquentent beaucoup ces lieux, mais c’est une manière pour les autres d’accompagner les musulmans. Sinon, nos plages se retrouvent vides. Et même les tenants de restaurants et maquis se plaignent pendant le mois de Ramadan. Même les sociétés de distribution d’alcool se plaignent. Donc, ça veut dire que Satan est enchaîné et les portes du Paradis sont ouvertes. Ça veut dire que les musulmans sont vraiment motivés pendant le Ramadan, ils fréquentent moins les plages, les boîtes de nuits, les maquis.


 


Mais dès la fin du Ramadan, les jeunes reprennent leurs anciens comportements ?


Je pense que nous avons suffisamment prêché dans ce domaine. Ça veut dire qu’il faut vraiment préserver les acquis du Ramadan. Malheureusement, ce n’est pas beaucoup respecté. Mais, c’est avec le temps. Vous savez, moi, je félicite la jeunesse. Les jeunes sont beaucoup ancrés dans la foi religieuse musulmane. Surtout les dix derniers jours du Ramadan, où les longues prières commencent de minuit à 4 heures du matin, nos mosquées refusent du monde. 80% des personnes présentes, c’est les jeunes. Ça veut dire qu’il y a une motivation. Il y a quelques ratés, mais nous continuons de prier pour que les choses changent. N’oubliez pas que Satan aussi fait son travail. Il est en mission. Chacun lutte pour qu’il puisse avoir beaucoup d’adeptes. Je pense que de plus en plus, les jeunes seront prêts à conserver les acquis du Ramadan, si Dieu le veut (Inch’Allah).


 


Les femmes sont sollicitées, très engagées, elles travaillent beaucoup. Il y a des mérites pour elles ?


Oui, c’est un moment où elles doivent profiter. Elles se réveillent très tôt, alors qu’elles reviennent fatiguées du travail ou de leur commerce. Elles gagnent plus en bénédictions. Dieu a dit que celui qui aide un musulman à rompre son jeûne a le même mérite que le jeûneur. Ce sont des mérites incalculables pour les femmes. Elles le font si bien. Elles sont à féliciter et à encourager.


 


A la veille de chaque mois de Ramadan, il y a beaucoup de mariages. Est-ce un phénomène normal en Islam ?


Je pense que le mariage est un enseignement comme le dit le messager de l’Islam. C’est lui qui dit que celui qui se marie accomplit la moitié de la foi musulmane. Ça veut dire que celui qui se marie devient un homme complet. C’est le mariage même qui consolide la famille. Vous savez, nous avons ces petits soucis-là dans nos pays. Les gens ne se marient pas souvent. On préfère faire les petits mariages ou les demi-mariages qu’on entend souvent. Ce ne sont pas des choses vraiment bien. Il faut se marier devant Dieu. Mais ce qui est important, c’est comment conserver ce mariage ? On le fait pour accompagner le Ramadan et après le Ramadan, le divorce suit. Alors que le messager de l’Islam dit que Dieu déteste le divorce. Il ne faut pas se marier et après divorcer. Nous demandons à la communauté musulmane de tout faire pour garder les femmes à la maison et nous demandons aussi à nos sœurs de vraiment rester dans le foyer. C’est sacré. La liberté ne doit pas se transformer en libertinage.


 


Alors que le mois de jeûne occasionne beaucoup de dépenses, ces nombreux mariages se font. L’argent qui doit servir aux dépenses du jeûne est parfois utilisé pour le transport, le soutien à des frères ou sœurs qui se marient. Tout ça n’enlève-t-il pas la baraka au mariage d’avant le Carême ?


Ça peut être l’une des causes, mais moi, je ne pense pas que ça soit ça. Parce qu’il y a la crainte de Dieu. Le messager d’Allah dit qu’on se marie pour quatre causes. Il a cité la beauté, la noblesse, la richesse, la crainte de Dieu. Il dit : prenez celle qui a la crainte de Dieu. Si la crainte de Dieu accompagne les actes dans le mariage, je pense qu’il n’y aura pas de divorce. Mais si on le fait comme ça parce qu’elle est belle, parce qu’elle est riche, elle est d’une famille noble, non ! Dépenser, il faut éviter. Dans un premier temps, on parle de consentement des deux conjoints. Ensuite, il faut trouver des témoins, la dot et le quatrième principe, c’est d’informer l’opinion. En fait, il y a beaucoup de choses qui interfèrent dans le mariage. Il y a la tradition, nos coutumes, nos manières de faire qui n’ont rien à voir avec le mariage islamique.


 


Avez-vous un message à l’endroit des musulmans ?


Ce Ramadan intervient à un moment difficile et crucial. Nous avons une grande partie de nos frères en Ukraine, en Russie. La paix ne se trouve pas dans le canon des armes. Nous prions Dieu pour qu’il y ait la paix. Qu’Allah touche le cœur de chacune de ces créatures dans ces pays. Nous sommes tous les enfants d’Adam, il n’y a pas à se battre pour perturber la paix. Que Dieu aide aussi notre pays à évoluer, qu’il préserve la Côte d’Ivoire, qu’il veille sur les dirigeants et qu’il aide son chef, le président de la République à conduire le navire ivoire à bon port.


Interview réalisée par DIARRASSOUBA SORY

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ