Quelque 1500 femmes, opérant sur des marchés à Abidjan, ont été formées depuis 2017 à la suite d'un programme d'alphabétisation mis en place par l'Unesco et Nestlé Côte d'Ivoire, la filiale du géant agroalimentaire suisse.
"Nous avons développé ce projet pour permettre à toutes les femmes travaillant dans les marchés de pouvoir bénéficier d'une alphabétisation fonctionnelle, en temps réel, mais surtout basée sur les TIC", a dit Dr Yves Sagou, le coordonnateur des programmes d'alphabétisation au Bureau de l'Unesco à Abidjan, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Dr Yves Sagou s'exprimait en marge d'un panel sur le thème "Briser les barrières pour l'autonomisation des femmes", tenu vendredi au sein de la fabrique de la filiale du groupe agroalimentaire de Yopougon Zone industrielle, dans l'Ouest d'Abidjan.
"Nous distribuons des téléphones portables qui ont une application dénommée Alphatic, permettant aux femmes d'apprendre même étant dans les marchés", a-t-il ajouté, soulignant qu'elles sont suivies par des formateurs qui les aident en cas de difficulté.
Les alphabétiseurs ont deux heures par semaine en présentiel pour rencontrer les femmes et régler certains problèmes en faisant des recadrages. Ce programme d'alphabétisation par les TIC, initié par l'Unesco et Nestlé depuis 2017, a permis de former 1500 femmes dans les marchés d'Abidjan.
Selon Dr Sagou, "ce programme a connu un très grand succès sur le plan international". En outre, les alphabétiseurs, regroupés en ONG (Gatic), ont reçu le prix international d'alphabétisation Conficius, le plus grand prix d'alphabétisation dans le monde.
Lorsqu'elles ont fini leur apprentissage, les évaluations qui ont été faites par des experts externes montrent que "les chiffres d'Affaires ont augmenté, parce qu'aujourd'hui elles savent lire et calculer, a-t-il poursuivi.
Ce "partenariat" avec l'Unesco vise à "autonomiser davantage" ces femmes sur les questions d'alphabétisation, a déclaré M. Thomas Caso, le directeur général de Nestlé Côte d'Ivoire, dont l'entreprise veut vraiment aider les "Mamies Maggi" avec qui la filiale travaille.
La société agroalimentaire travaille sur les marchés avec 20 000 femmes appelées les "Mamies". Selon M. Thomas Caso "85% d'entre elles n'ont jamais eu la chance d'aller à l'école". Ce programme vient briser les obstacles à leur autonomisation.
Pour le groupe agroalimentaire, elles sont des mères de famille et font un travail très important et en tant que partenaire, la société veut les accompagner de façon pragmatique à booster leurs activités commerciales.
"Parmi nos Mamies, nous travaillons sur ce projet, déjà, avec 1500 directement. C'est l'alphabétisation, mais c'est aussi la lecture, l'écriture et même les chiffres, des tâches importantes pour leur quotidien et leur travail", a-t-il renchéri.
Le groupe agroalimentaire a, d'ailleurs, des engagements au niveau mondial, pour briser les barrières. Parmi les leaders les plus seniors du groupe, "il n'y a pas suffisamment de femmes, on a trop d'hommes mathématiquement", a-t-il fait observer.
"Ce ne sont pas que les hommes qui ont le talent, pour nous, les employés ici, ça fait partie d'un grand débat et çà fait partie des initiatives mondiales pour s'assurer qu'on fasse le maximum possible pour faciliter l'accès au pouvoir des femmes", a-t-il soutenu.
A la fabrique de Yapougon zone industrielle, Mme Joëlle Abega est la directrice d'usine, la première femme à occuper ce poste en Afrique de l'Ouest et du centre. Au sein de la filiale, des femmes gèrent également des portefeuilles importants.
Mme Florence Tanoh, responsable des questions du genre au ministère ivoirien de la Femme, de la famille et de l'enfant, a au cours du panel indiqué qu'il existe encore dans le pays des barrières, empêchant la promotion des femmes.
"Quand on refuse à une femme d'aller en mission, c'est une barrière", a-t-elle fait observer, appelant les dirigeants d'entreprises à donner les opportunités aux femmes de se former, de performer, car on n’a pas le droit de les discriminer.
La filiale du géant agroalimentaire suisse finance ce programme à travers sa marque Maggi. Le ministre de l'Éducation et l'alphabétisation, Mariatou Koné, a lancé en septembre 2021 à Abidjan la phase 4 du projet d'alphabétisation fonctionnelle par les TIC visant 400 commerçantes.
AP/ls/APA